Semaine de la Démocratie, événement à Presinge le samedi 6 octobre 2018
Objectifs de Développement Durable :
« Ma commune s’engage, et moi ? »
« Là où croit le péril, croit aussi ce qui le sauve. » Hölderlin
Ce samedi 6 octobre dans l’après-midi, une rencontre consacrée à la découverte des Objectifs de Développement Durable (ODD) a eu lieu à Presinge (commune agricole du canton de Genève d’un peu moins de 700 habitants). Organisée dans le cadre de la Semaine de la démocratie par l’association Jai Jagat Genève, en partenariat avec la commune de Presinge et le programme Best for Geneva, elle a réuni quelques 130 personnes durant plus de quatre heures.
Suite au mot d’accueil de Patrice Mugny, adjoint du maire de Presinge, le film Demain Genève a tout d’abord été projeté. Petit frère genevois du film Demain, réalisé par Mélanie Laurent et Cyril Dion, il présente un certain nombre d’initiatives existantes dans le canton en ligne avec le développement durable et la transition écologique. Agriculture bio et de proximité, transition énergétique, habitat participatif, monnaie locale, investissements responsables, lieux d’éducation alternatifs, etc., des milliers de personnes œuvrent déjà, concrètement pour un monde durable. Si la crise climatique et la disparition accélérée de la biodiversité sont indéniables, des solutions existent; Demain Genève nous invite à les découvrir.
Suite à la projection, Jonathan Normand, président de l’association Demain Genève et promoteur du programme Best for Geneva, a pu répondre aux questions de la salle, de même que Sophie Hodel, membre de l’équipe de la ferme de La Touvière, et protagoniste du film dans le volet agriculture durable de proximité.
Après une verrée dinatoire végétarienne (l’élevage industriel d’animaux destinés à la consommation de viande étant la principale source d’émission de CO2 sur la planète, avant même les transports), une table ronde sur les ODD de l’Agenda 2030 des Nations Unies a suivi, avec la participation, dans l’ordre d’intervention, de René Longet (spécialiste suisse du développement durable et président de la Fédération Genevoise de Coopération), Jonathan Normand et Liliane de Tolédo (présidente de l’association Jai Jagat Genève).
Fort d’une maîtrise incontestable de son sujet, René Longet a présenté l’Agenda 2030 des Nations Unies et ses 17 objectifs qu’il a resitué dans 30 ans d’histoire du développement durable, du rapport Bruntland de 1987 aux Conventions de Rio de 1992 jusqu’à la conférence de Paris sur le climat de 2015. Les ODD prennent le relais des 8 Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), mais contrairement à ces derniers, ils sont universels et indivisibles. En 2015, 193 Etats de la planète ont adopté ces ODD et ceux-ci nous engagent donc toutes et tous partout sur la planète. Il s’agit d’un cadre global déclinant la marche à suivre pour que « personne ne reste au bord du chemin ». Ils sont un appel à une action intégrale adressé aux citoyens de tous les pays, aux gouvernements, aux organisations internationales, sans oublier les entreprises privées, les collectivités locales et le monde associatif.
Avec un enthousiasme communicatif, Jonathan Normand s’est fait l’avocat du programme Best for Geneva, créé pour accompagner les entreprises, petites et grandes, dans le cercle vertueux du développement durable. Depuis 30 ans déjà, nous entendons des appels répétés pour « lutter contre le changement climatique », avec les résultats mitigés que l’on connait. Aujourd’hui, il est trop tard pour « lutter contre », le défi consiste à s’adapter, et d’un point de vue cognitif, il est sans doute plus intéressant d’enclencher une dynamique positive pour créer de nouveaux modèles. Jonathan Normand a également indiqué que la majorité des nouvelles générations entrant sur le marché du travail privilégient les entreprises respectant une certaine éthique sociale et environnementale. Le respect de ces normes devient donc un avantage compétitif pour les entreprises qui les appliquent.
Finalement, le programme de la soirée proposant d’illustrer les ODD par une action globale et une autre locale, Liliane de Toledo a évoqué la campagne Jai Jagat 2020 lancée depuis l’Inde par Rajagopal, le « nouveau Gandhi ». Action citoyenne et non-violente, cette grande marche pour la Justice et la Paix partira de Delhi en octobre 2019 pour arriver à Genève en septembre 2020. Son but est de demander aux Nations Unies et aux décideurs mondiaux la mise en œuvre concrète des ODD avec la participation des plus démunis, notamment les sans terre et sans voix indiens. Pour les Genevois, cet événement est une formidable opportunité d’exprimer leur solidarité, par exemple en organisant des marches convergentes depuis toutes les communes pour s’associer aux marcheurs internationaux. L’occasion également de rappeler la vocation de Genève, capitale de la paix et poste de pilotage des Objectifs de Développement Durable. Plus prosaïquement et pour revenir au niveau local, l’organisation, à Presinge, d’un marché de troc (vêtements, chaussures, chapeau et autres accessoires vestimentaires) est annoncée aux participants. C’est l’association Sipy Troc dont le credo est « Plutôt que jeter, échangeons ! » qui se chargera de l’organisation pratique.
La rencontre se termine par des questions-réponses avec la salle, concernant de façon globale les ODD, la croissance (du bien-être) et la décroissance (de notre empreinte écologique) ou encore la transition énergétique, et de façon beaucoup plus locale les petites actions concrètes à mener près de chez soi.
Au vu de la forte participation, y compris celle de nombreux jeunes, cette rencontre aura permis de démontrer que les ODD ne laissent pas indifférents. Cet Agenda 2030 des Nations Unies n’est pas un programme international de plus, mais bien un plan pour la survie de tous sur notre planète.
La rencontre de samedi 6 octobre à Presinge se veut un « pilote » pouvant inspirer d’autres communes, à Genève et ailleurs, à informer et à implanter localement les Objectifs de Développement Durable de l’Agenda 2030.
Face à la catastrophe climatique en cours et à la trop lente action des gouvernements du monde, il y a parfois de bonnes raisons de désespérer. Mais pour paraphraser le philosophe italien Antonio Gramsci, il faut « allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté. »
