L’urgence d’un monde pour tout le monde : scénario de relance de Jai Jagat à l’aune du Coronavirus
Introduction : bienvenue dans le monde d’après !
En cette mi-mai 2020, alors que nous commençons toutes et tous en Europe à sortir progressivement de deux mois de confinement, nous semblons percevoir tant intimement que collectivement que plus rien ne peut être exactement comme avant. Partie du centre de la Chine, cette pandémie de Covid 19 qui s’est abattue sur l’ensemble de la planète en quelques semaines, avec bien entendu son lot de morts et de drames personnels à ne jamais sous-estimer, a démontré ce qui était impensable la veille : on peut sur décision politique immédiate, mettre un coup d’arrêt provisoire à l’ensemble de l’économie mondiale. C’est cette expérience qui est très riche d’enseignements pour la suite, et qui démontre in vivo qu’il n’y a pas de fatalité face aux autres périls imminents qui continuent plus que jamais de menacer l’humanité et l’ensemble du système Terre : le changement climatique, la destruction de la biodiversité et l’expansion mondiale de toutes les pollutions dues aux activités humaines. Non TINA (le fameux « There is no alternative ! » de Margaret Thatcher) n’existe pas et l’économie mondiale, cet hubris présenté par notre civilisation comme but indépassable de notre condition humaine, peut-être dompté à cause d’un virus de quelques nanomètres[1]. Donc oui nous pouvons encore agir efficacement en tant qu’humains pour stopper la destruction planétaire en cours, décrite à longueur de rapports de plus en plus alarmants par des milliers de scientifiques du monde entier depuis des décennies. C’est ce que démontre de façon empirique cette séquence et qui explique les dizaines d’initiatives en train d’émerger, en Suisse, en France, en Europe et dans le monde pour dessiner le « monde d’après », un monde post Coronavirus plus juste, plus sobre, plus durable et plus résilient.
Car si le Covid 19 a déjà provoqué plus de 302 000 décès dans le monde au 15 mai 2020, chiffre certes glaçant, il peut toutefois utilement être comparés à d’autres chiffres, comme le fait que 815 millions de personnes souffrent encore de malnutrition dans le monde (chiffre qui risque d’augmenter très fortement à cause des mesures de confinement actuelles), que 3,1 millions d’enfants de moins de 5 ans meurent chaque année à cause d’elle et que depuis le 1er janvier par exemple, plus de 2,3 millions de personnes sont déjà mortes de la faim. C’est ce retour « à l’anormal » qu’il s’agit maintenant d’éviter si l’on veut vraiment tirer des leçons utiles de cette pandémie.
Jai Jagat dans un monde post Covid
C’est dans ce nouveau contexte que peut et doit désormais s’inscrire la suite de l’aventure collective Jai Jagat (« la victoire du monde/de tout le monde » en Hindi), au risque sinon d’apparaître totalement hors sol en ne répondant pas aux urgences du moment. Le Coronavirus ne vient pas seulement de démontrer que l’économie mondiale pouvait être domptée par la volonté humaine. Il a également provoqué, avec notamment les mesures de confinement, en maints endroits de la planète certains phénomènes déjà très inquiétants avant la pandémie, comme l’explosion des inégalités. On observe alors hébété croître partout les hordes de désœuvrés, allongeant les files d’attente devant les banques alimentaires, même dans des villes aussi riches que Genève.
Et l’Inde est un pays tristement emblématique de cette réalité : en confinement général depuis le 24 mars, alors que les classes moyennes des mégapoles indiennes ont rejoint leur appartement ou maison climatisée pour s’y réfugier, des millions de travailleurs pauvres, sans aucun toit ni droits, se sont retrouvés sur les routes à tenter de regagner leur village d’origine, à pied, devant affronter, en plus de la menace du virus, la fatigue, la faim et la brutalité des forces de l’ordre. Tandis qu’y grandissent le spectre de la faim et la peur de la maladie, l’Inde, déjà confrontée depuis quelques années à la montée de tensions ethniques, voit des millions de personnes se retrouvant livrées à elles-mêmes. Celles-ci ne peuvent plus désormais compter que sur les ONG et mouvements informels, qui existent fort heureusement en grand nombre sur le Sous-Continent, comme Ekta Parishad. Le mouvement à l’origine de la campagne Jai Jagat 2020 est actuellement mobilisé par l’urgence absolue de soutenir les populations indiennes les plus marginalisées particulièrement vulnérables face au Coronavirus, comme les travailleurs migrants.
La grande marche Jai Jagat, qui devait arriver à Genève le 26 septembre prochain, s’est quant à elle interrompue en Arménie à la mi-mars à cause de la pandémie. Ses initiateurs Rajagopal P.V, fondateur d’Ekta Parishad, et Jill Carr-Harris, sa coordinatrice internationale, sont depuis confinés en Arménie, organisant en ligne des rencontres et conférences virtuelles de très bonne facture sur la non-violence, le message de Gandhi ou encore la nécessité de la paix. Mais la reprise de la marche Jai Jagat est assez improbable à court terme, placée sous l’épée de Damoclès d’une toujours possible deuxième vague épidémique mondiale.
Or le message de la campagne Jai Jagat, de la nécessité urgente d’un monde pour tout le monde, dans lequel personne « ne reste au bord du chemin » a plus que jamais d’acuité. Le Covid 19 creusant encore davantage le fossé des inégalités à l’échelle planétaire, les quatre piliers de la campagne Jai Jagat restent totalement opérants : la nécessité d’un monde sans pauvreté, d’un monde inclusif, d’un monde non violent et d’un monde de paix et de justice, y compris de justice climatique.
Si les thèmes portés par Jai Jagat sont encore plus pertinents dans ce monde post Covid, ce qui constituait leur force et faisait toute la différence avec nombre d’ONG, d’associations et de mouvements sociaux qui partout sur la planète luttent pour la même chose, était la marche principale de 10 000 km entre Delhi et Genève, renforcée par les différentes marches européennes et internationales parallèles. C’était l’accueil de ces marches qui justifiait également à Genève tant le soutien des autorités locales (ville de Genève et canton de Genève) que celui de bon nombre de partenaires associatifs et institutionnels. C’était avec ces marches également que pouvaient s’ouvrir les portes de Nations Unies, qui ne manquent par ailleurs absolument pas d’experts et d’ONG de qualité pour connaître précisément ce qui ne fonctionne pas sur notre planète mais qui manquent plutôt d’actions inspirantes émanant de la société civile, comme la grande marche Jai Jagat, pour faire pression sur les Etats de la planète afin qu’ils mettent enfin en œuvre l’Agenda 2030 sur lequel ils se sont formellement engagés.
C’étaient ces marches qui pouvaient également servir d’instrument de convergence pour bon nombre d’ONG et de mouvements sociaux qui partout sur la planète partageaient le constat de Jai Jagat et qui pouvaient se rassembler autour d’un évènement inspirant et d’envergure, émanant de plus pour une fois d’un pays du Sud et portée par la figure tutélaire du Mahatma Gandhi.
Ainsi, s’il n’y a plus réellement de grande marche qui arrive physiquement à Genève, ce plaidoyer à mener aux Nations Unies n’est plus possible. Le soutien obtenu jusqu’alors de différentes institutions locales et internationales d’importance risque également de s’estomper.
Jai Jagat 2021-2030, les conditions de la relance et de la convergence
Après les nombreux échanges virtuels des différents acteurs de Jai Jagat ces dernières semaines, à Genève, en Europe et à l’international, il est apparu une première nécessité, désormais incontournable : la marche principale doit repartir, et selon un calendrier et des conditions lui permettant de remplir les promesses qu’elle incarnait.
Ainsi la marche Delhi-Genève pourrait repartir d’Arménie au printemps 2021, avec davantage d’ampleur et d’écho médiatique, afin d’arriver à Genève en septembre 2021, tout juste un an après la date initialement prévue. Elle pourrait alors être accueillie par un grand évènement d’ampleur internationale plus étroitement en lien avec les Nations Unies, tel qu’il avait été envisagé et conçu pour septembre 2020 avant la pandémie.
Jai Jagat ayant également été conçue pour challenger les ODD de l’Agenda 2030, il y a de toute façon la nécessité de mettre en place un suivi de dix ans de son implémentation par la société civile, pour profiter de la place de Genève afin d’y prévoir éventuellement un rendez-vous annuel du changement pour tous les acteurs et actrices locaux et internationaux de la transition.
A ce stade, quelques éléments concrets plaident pour ce scénario, malgré les difficultés financières qui se posent en décidant de repousser les évènements principaux d’un an :
- Les conditions actuelles tant de rassemblement public à Genève que de réouverture des frontières et des couloirs aériens internationaux rendent impossible ou en tous cas hautement improbable la tenue d’évènements internationaux à Genève d’ici à la fin de l’année 2020.
- Parmi les marcheurs internationaux qui ont fait la première partie Delhi-Erevan, beaucoup ont été frustrés de l’arrêt de la marche et restent mobilisés pour repartir dès que les conditions le permettront.
- A Genève, deux mini bus avaient été négociés pour être remis en l’état par le Centre de formation Professionnelle technique (CFP Technique) afin ensuite de rejoindre les marcheurs en Bulgarie afin de les accompagner jusqu’à Genève. Ces bus restent à disposition et pourraient permettre de relancer une caravane à moindre coût, tant financier qu’écologique, en emmenant des marcheuses et marcheurs de Genève jusqu’à Erevan au printemps 2021 afin de relancer la marche et de revenir à Genève pour septembre 2021. Les équipes de jeunes élèves apprentis du CFPT resteraient également mobilisées, élément d’autant plus intéressant que c’est typiquement le genre de milieu habituellement très difficile à atteindre pour des projets comme Jai Jagat (qui parle surtout habituellement aux milieux écologistes militants).
- Une année supplémentaire permettrait de se laisser le temps de remobiliser et d’approcher davantage de groupes, de mouvements et d’entités différentes afin d’œuvrer à une réelle convergence des actrices et acteurs du changement et de la transition à Genève, en lien avec les institutions internationales. Cet objectif est désormais irréalisable pour septembre 2020, la pandémie de Covid 19 ayant bouleversé le calendrier et les priorités de l’ensemble des organisations, dont celles qui étaient prêtes à participer au FestiForum Jai Jagat à Genève.
- Cela permettrait également de prendre le temps de s’appuyer sur la richesse des réseaux pour permettre de faire de Jai Jagat un instrument international de convergence des revendications sociales et environnementales, sur le modèle par exemple d’un Forum Social Mondial itinérant profondément renouvelé dans la forme et sur le fond, portant notamment cette idée d’« être le changement que l’on veut voir dans le monde ».
- Cela permettrait enfin de positionner Jai Jagat non comme un aboutissement mais comme une promesse, celle de la « décade de la dernière chance », pour tenter d’opérer le changement de paradigme global nécessaire. Rendez-vous serait donné en septembre de chaque année à Genève jusqu’en 2030 afin d’opérer un suivi critique et opérationnel de la mise en œuvre de l’Agenda 2030 par la société civile en lien avec les Nations Unies et les grandes institutions internationales présentes à Genève. Un rendez-vous à construire avec Genève 2030, une plateforme regroupant Jai Jagat Genève, l’International Peace Bureau (IPB) et le Forum démocratique mondial (FDM) et qui avait été mise en place à l’été 2019.
Mais pour que tout cela puisse se réaliser, un certain nombre d’enseignements doivent être tirés de la première phase de la marche :
Sur la gouvernance : les différentes entités de Jai Jagat doivent fonctionner de façon plus horizontale, selon un mode de gouvernance entrant en écho avec les revendications portées, sur le modèle des mouvements tels qu’Alternatiba ou Extinction Rebellion. Si l’on veut être le changement que l’on prône pour le monde, il ne peut y avoir de leadership que partagé. Cela suppose une très grande autonomie des différents groupes et une circulation extrêmement fluide et permanente de l’ensemble des informations.
Sur la convergence : plutôt que de déployer énormément de temps et d’énergie à reformuler un énième plaidoyer enrichi de constats et de solutions de terrain existant bien souvent par ailleurs, il faut faire davantage appel à la richesse des réseaux. Par exemple, la marche reprenant en 2021 pourrait suivre le chemin pris par les réfugiés en Europe et porter le plaidoyer et les revendications de grandes ONG et associations internationales œuvrant pour le droit des exilés, comme la Cimade ou la FIDH. Sur la justice climatique par exemple, Jai Jagat n’a rien à offrir d’autre par rapport à tout ce qui existe déjà qu’une action inspirante, la grande marche, et un cadre propice à la convergence, la non-violence comme outil de mise en œuvre du changement. Ce cadre de la convergence internationale pourrait et devrait être garanti par l’association Jai Jagat International, enregistrée à Bruxelles et présidée par Olivier de Schutter. Les priorités n’étant pas forcément toujours identiques entre les activistes indiens et les mouvements sociaux et environnementaux en Europe, Jai Jagat International se porterait garante de la dimension globale de la campagne par le maintien d’un cadre et d’un dialogue permanents entre les différentes entités du réseau.
Les évènements à maintenir à Genève en septembre-octobre 2020
Afin de réunir les meilleures conditions susceptibles de relancer la grande marche et la campagne Jai Jagat pour 2021, il faut déjà capitaliser sur tout ce qui reste possible d’envisager à Genève en septembre 2020. A ce stade, deux dates semblent incontournables :
Le samedi 26 septembre 2020 : même si les possibilités de se réunir publiquement dans le Parc des Bastions le 26 septembre prochain ne sont pas encore garanties, Alternatiba Leman maintient pour l’instant sa semaine de débats se concluant le samedi. Ce même jour The Meal-Un repas pour notre avenir prévoit toujours son repas convivial du midi. Celui-ci doit être l’occasion de toutes et tous se retrouver physiquement autour de Jai Jagat pour déjà célébrer le bonheur d’être ensemble et vivants sur cette planète, après cette pandémie qui constitue une des plus grandes épreuves faites à l’ensemble de l’humanité depuis la Seconde Guerre Mondiale. La marche en provenance de Lyon, qui reste pour le moment maintenue, arriverait à Genève pour participer à ce repas (environ une centaine de personnes) et viendrait grossir les rangs des ami.e.s genevois de Jai Jagat. Un écran géant serait mis à disposition sous une tente dans le Parc pour être en lien virtuel avec les autres groupes européens et internationaux de Jai Jagat, dont certains maintiennent les activités artistiques prévues et souhaitent les partager en ligne. Ainsi un rassemblement Jai Jagat informel, convivial et à moindre coût, se déroulerait à Genève à la date initialement prévue pour l’accueil local et international de la grande marche.
Le vendredi 2 octobre 2020 : tout juste un an après le départ de la marche de Delhi et du grand concert pour la justice et la paix qui avait réuni à Genève plus de 600 personnes aux Bâtiments des Forces Motrices, une journée de débat pourrait avoir lieu sur la non-violence et l’apport de Gandhi pour les enjeux du 21e siècle et la mise en œuvre de l’Agenda 2030 à l’occasion de son 151e anniversaire. Une journée qui pourrait se dérouler avec des frais très réduits (à la Maison Internationale des Associations ou au Centre Œcuménique des Eglises), en présence de personnalités locales et internationales : représentants de la ville et du canton, des Nations Unies, Olivier de Schutter, Rajagopal (en présence réelle ou virtuelle), Vandana Shiva (en présence réelle ou virtuelle), Patrick Viveret, Dominique Bourg, Valérie Cabanès, Ruth Dreifuss, etc. L’occasion également de relancer la campagne pour 2021 et après et d’évaluer tous ensemble la faisabilité d’une journée de mobilisation autour de Jai Jagat à l’occasion de la journée internationale des droits humains le 10 décembre 2020 (idée de Jill et Rajagopal). La journée pourrait se conclure par le lancement de la mobilisation Genève 2030, avec Arielle Denis et Jean Rossiaud, selon le partenariat conclu entre Jai Jagat, l’IPB et le FDM à l’été 2019. L’association Jai Jagat Genève pourrait éventuellement en profiter pour y tenir son AG annuelle en présentiel, en profitant de la présence de tout le monde.
- En ce qui concerne la journée sur l’économie non-violente avec la Task Force des Nations Unies sur l’économie sociale et solidaire, initialement prévue le lundi 28 septembre 2020, à ce stade l’Organisation Internationale du Travail ne peut pas garantir son maintien. Jai Jagat Genève doit envisager la possibilité de son maintien en lien étroit avec Jean Fabre. Pour ce qui est de la journée du jeudi 1er octobre, la Fédération Genevoise de Coopération (FGC) a finalement annulé son partenariat envisagé, devant finalement tenir son AG annuelle le 15 octobre 2020.
Le maintien certain de ces deux évènements du 26 septembre et du 2 octobre 2020 permettra d’honorer à minima une partie des prestations prévues et qui avaient permis d’obtenir 60 000 CHF de la part du Canton de Genève en novembre 2019 et le soutien moral et financier de la Ville de Genève depuis 2018.
Cela permettra également de remobiliser un noyau parmi les actrices et acteurs du changement sur Genève dans l’optique d’une campagne Jai Jagat de plus long terme, dont l’ampleur internationale initialement prévue se déploierait pleinement en septembre 2021.
Cela permettra enfin de réunir les conditions minimales nécessaires à l’alignement de la campagne Jai Jagat avec les attentes du terrain, plus que jamais favorables à la convergence des forces dans un monde post Covid 19 ou l’urgence d’un changement de paradigme est plus criante que jamais.
Conclusion : Jai Jagat plus que jamais !
Toutes celles et ceux qui se sont mobilisés autour de l’appel de Jai Jagat ces dernières années, en Inde, en Europe et ailleurs, ont encore plus de raisons de le faire aujourd’hui, tant cette pandémie est révélatrice de la profondeur des fossés que l’humanité a creusés et des murs qu’elle a dressés. Murs entre les gagnants de la mondialisation et l’immense majorité abandonnée à son sort, murs entre les humains et les autres espèces massacrées sans vergogne pour notre consommation et notre petit confort, murs entre ceux qui peuvent librement se déplacer et tous les autres, réfugiés et exilés sacrifiés sur l’autel de nos peurs coupables. Alors plus que jamais, il est nécessaire de rester mobilisé pour ne pas reprendre le mortifère business as usual dès que la pandémie sera passée, pour « un autre monde possible », encore plus urgent et nécessaire. Rendez-vous est donc donné à Genève dès septembre prochain pour relancer Jai Jagat et œuvrer individuellement et collectivement à la « victoire d’un monde pour tout le monde » !
Par Benjamin Joyeux, coordinateur Jai Jagat à Genève, le 18 mai 2020
[1] On peut rappeler utilement à cet égard que si le Covid 19 a pour l’instant provoqué la mort de 1845 personnes en Suisse et de plus de 100 000 personnes en Europe, la pollution de l’air par exemple provoque encore chaque année environ 5000 morts en Suisse et plus de 500 000 en Europe.