Par Claire Lhermitte (photo, à droite du panneau), une des marcheuses internationales de Jai Jagat depuis Delhi le 2 octobre 2019 et qui a expérimenté in vivo la non-violence tout au long de son parcours et depuis :
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La non-violence est peut-être bien l’un des mots les plus subjectifs que je connaisse. En effet, lors de mon séjour en Inde, j’ai eu la chance de participer à la Marche pour la non-violence : Jai Jagat. J’y ai alors remarqué un fait au premier abord étrange : chaque personne présente lors de cette campagne avait une définition différente de la non-violence.
Avec du recul et grâce à de nombreuses discussions avec les marcheurs, mais aussi à quelques lectures, je me suis forgé une définition interculturelle, ou du moins qui me paraisse suffisamment objective, de la non-violence.
Comment peut-on expliquer le fait que la notion de non-violence puisse changer de définition en fonction des personnes ?
Cette expérience de la non-violence m’a permis de réaliser une chose extrêmement importante et qui explique à elle seule la multitude de définitions existantes de ce terme : la perception de la non-violence est et reste subjective.
Car bien que l’ensemble des cultures présentes lors de cette marche se soient rejointes sur la définition des valeurs de la non-violence : le respect, la compassion, l’harmonie, la paix, l’amour, l’écoute, etc. Il est très vite apparu que dans la pratique, nos actes et nos actions pouvaient être considérés comme violent pour l’un, mais pas pour l’autre.
Cela s’explique par le fait qu’une action, une communication, une gouvernance, une économie, une éducation, etc., est qualifiée de non-violente par un individu que si elle ne lui fait pas violence. C’est-à-dire seulement si elle ne le blesse pas physiquement et/ou mentalement dès que l’acte se produit et s’exécute.
Et c’est à ce stade que la subjectivité intervient, puisqu’une action, une parole ou tout autre évènement nous apparaîtra comme pouvant nous faire du mal et blessant selon trois facteurs : le non-respect des besoins, la culture et l’expérience/le vécu.
Le premier facteur, celui du non-respect des besoins, est peut-être le plus aisé à comprendre et à respecter chez autrui, puisque nous avons tous, en tant qu’être vivant, les mêmes besoins.
Prenons l’exemple de la violence physique : les blessures par coups ou armes qui procurent une douleur non voulue à la victime sont les premiers actes violents auxquels nous pensons tous. Ainsi, s’abstenir de tels gestes, tout en respectant l’intégrité physique des personnes, serait donc considéré comme étant le premier et le plus important acte de non-violence à pratiquer.
Toutefois, il ne s’agit pas là du seul besoin individuel qui doit être respecté. À titre personnel, j’estime qu’une chose, qu’un acte est non-violent lorsqu’il ne nuit pas à l’ensemble des besoins des individus. On peut les citer en utilisant notamment la pyramide de hiérarchie des besoins du psychologue et humaniste américain, Abraham Maslow[1].
Tout d’abord, nous avons les besoins physiologiques (manger, boire, dormir, respirer, etc.) qui, selon Maslow, conditionnent l’accès aux besoins suivants qui sont ceux de la sécurité (du corps, de l’emploi, de la santé, de la propriété…) qui sont eux-mêmes conditions pour accéder à nos autres besoins. Les besoins sociaux (amour, amitié, appartenance, intimité), puis les besoins d’estime (confiance, respect des autres, estime personnelle). Ce n’est que lorsque tous ces besoins sont satisfaits qu’il nous est possible d’accomplir notre ultime besoin. Celui de l’accomplissement personnel.
Au commencement de la marche, j’avais donc une définition assez simple et basique de la non-violence qui partait du principe que nuire aux besoins des autres est violent si ces autres n’acceptent pas cette violation. Ainsi, la non-violence se résumait donc à veiller au bien-être physique et mental de chacun.
Cependant, ce que je n’avais pas perçu à ce moment-là, c’est que ces besoins sont ressentis violés ou satisfaits en fonction de deux autres facteurs. Ceux de la culture et de l’expérience, ou plus simplement du vécu de l’autre.
Le facteur culturel influence notre perception de la non-violence par le fait que nous ne possédons pas tous les mêmes codes, les mêmes traditions et les mêmes typologies d’éducation. Chacun des individus que nous serons amenés à rencontrer au cours de notre vie, en commençant par nos parents, enseignants et amis, nous apprendra et nous transmettra les actes qu’il définit et estime comme étant violent ou non, de ce qui respecte nos besoins ou non. Par conséquent, la définition de la non-violence ne peut être que différente en fonction des individus, puisqu’elle sera la somme de ce qui leur aura été enseigné. Nous pouvons également relever que ces différences se font ressentir plus encore lorsque les cultures sont différentes. Ce fait a d’ailleurs été mis en lumière lors de la marche avec les définitions de la non-violence faites par les Indiens et celles faites par les Occidentaux.
Bien que des différences existent, il est essentiel de garder à l’esprit que personne n’a tort ou raison. Les Toltèques[2], un peuple du Mexique ayant vécu de 900 à 1200 environ, estiment que cette accumulation d’informations, de croyances ou de jugements que l’on intègre au cours de notre éducation, et tout au long de notre vie, constitue notre réalité. Mais cette réalité, qui n’est principalement faite que de croyances ou de préjugés et que très rarement faite d’informations irréfutables, universelles et testées par nous-même et qu’ils appellent le maya, diffère entre chaque personne, entre chaque culture.
S’ajoute à cela, pour complexifier le tout, un troisième facteur, celui de l’expérience ou du vécu personnel.
Selon la Canadienne, essayiste et coach, Lise Bourdeau[3], nous vivons étant enfant un certain nombre d’expériences qui nous blessent. Par la suite, lorsque nous revivons l’une de ces expériences – et ce, même si nous avons oublié la première — nous sommes affectés et touchés, car cela nous rappelle inconsciemment cette blessure profonde. C’est ce qui constitue chez nous nos égaux.
Lise Bourdeau définit cinq types de blessures : l’abandon, l’injustice, la trahison, l’humiliation et le rejet. Ainsi, une personne portant la blessure de l’humiliation pourra très fortement être blessée par une moquerie et estimera cela extrêmement violent ; alors qu’une autre personne n’ayant pas vécu cela sera en mesure de faire preuve d’autodérision, et même de trouver cela drôle, et le percevra donc comme étant non-violent.
Autre exemple : le mensonge et la manipulation peuvent être utilisés sans complexe par certains qui estiment cela comme non-violent, puisque mis en œuvre pour le bien du groupe ou d’une personne, mais cela peut être très mal vécu par quelqu’un qui porte en lui la blessure de la trahison.
En résumé, chaque individu a un avis différent de ce qui est violent ou non ; puisqu’il déterminera si une action, une économie, une gouvernance, une éducation, une communication, etc., est violente ou non en fonction de sa culture, de ses croyances et de son vécu (de ses blessures profondes).
Dans ce cas, comment pouvons-nous être certain de ne pas devenir violent ?
Pour ce faire, la compréhension de l’autre, et de ce qui lui est violent ou non, est un prérequis indispensable qui ne peut s’obtenir qu’en lui posant des questions, en l’écoutant et en l’aidant, s’il le souhaite, sans jamais lui imposer son point de vue, ses méthodes.
De même, face à une action ou à une situation que nous jugeons violente et que nous souhaitons résoudre de façon non-violence, bien que cette dernière ne nous concerne pas directement, il nous faudra respecter un certain nombre de règles.
Tout d’abord, il ne faudra pas imposer le changement de cette situation ou l’arrêt de cette action. Car ce qui nous semble violent ne l’est pas nécessairement pour l’autre. Peut-être que cette situation ou cette action lui va parfaitement et qu’elle ne fait aucune victime. Il faut, dans un premier temps, demander à l’autre si cela lui est violent et l’accepter si cela ne lui est pas. Puisque, comme expliqué plus haut, nous avons tous un avis différent sur la non-violence.
Ensuite, s’il est établi qu’autrui vit une situation de violence, il faudra alors l’écouter et s’assurer avec lui, avant toute chose, de ce qui est pour lui violent dans sa situation.
Puis, nous pourrons, si nous en sommes capables, proposer notre aide pour qu’il puisse sortir de cette situation. Il me semble primordial de ne pas imposer notre aide, mais seulement de la proposer. Car il ne s’agit pas non plus d’imposer notre méthodologie, au risque de lui infliger involontairement une nouvelle situation de violence, mais simplement de conseiller afin de construire la solution avec cette personne. Et ce, en fonction de son expérience et de son savoir ; qui sont souvent plus pertinents que nos idées afin de lui permettre de sortir de cette situation qui lui est propre. C’est à l’autre de choisir la façon dont il voudrait que sa situation évolue pour qu’elle devienne bénéfique et non-violente pour lui.
Je trouve qu’il est également important de ne pas faire tout le travail à la place de la victime. Il faut qu’elle soit actrice du changement. Sans quoi, nous ferions preuve de paternalisme et nous pourrions rendre cette personne dépendante.
Enfin, avant de passer à l’action, il nous faudra veiller à ce que ce changement n’affecte en rien d’autres personnes en leur faisant subir à leur tour une action de violence. Mais attention, cette vérification ne pourra se faire qu’en demandant directement aux personnes concernées si cela représente ou non une violence à leurs yeux. Il ne nous faudrait pas retomber dans le piège du paternalisme en décidant pour elles ce qui pourrait ou non leur faire violence. Mais aussi et surtout parce que la possibilité pour qu’une action ne nous paraisse pas violente alors qu’elle l’est en réalité pour les autres est vite arrivée.
En somme, se montrer non-violent c’est : comprendre l’autre, ce qui lui fait violence et ses besoins. C’est également l’aider à résoudre ce qui lui fait violence et à atteindre ses besoins tout en les respectant et en les comprenant eux aussi.
La réflexion sur l’écoute de l’autre et la non-violence que je développe ici est fortement inspirée des discussions que j’ai eu la chance d’avoir avec Michel Nodet[4], qui est entre autres formateur en non-violence.
Mais comment être non-violent lorsque nous sommes la victime de cette violence ?
Selon moi, il nous faut avant toute chose comprendre pourquoi une situation ou une action nous fait violence. Comme nous l’avons vu un peu plus haut, notre vécu (et ses blessures), mais aussi notre éducation (et ses préjugés, croyances), influencent notre perception d’une action ou d’une situation et la rend à nos yeux violente ou non. Une action ou une situation peut aussi très souvent nous toucher (certains disent que c’est même toujours le cas) par le fait d’un schéma d’effet miroir[5]. Ce qui signifie : que l’on reproche chez l’autre ce que l’on se reproche à soi-même.
Suite à cette prise de recul, nous sommes alors à même de nous questionner sur le besoin qui a été touché et sur la façon dont cette situation ou cette action a nui à notre besoin.
Ensuite, nous avons la possibilité de nous adresser directement à l’auteur ou aux auteurs de ce qui nous fait violence, et ce, afin de comprendre la ou les raisons de leur action. Un processus de questionnement et d’écoute de notre part est alors requis.
Puis, nous pouvons leur exprimer en quoi leur action nous fait violence. Ce que l’on a ressenti comme émotion négative sur le moment et quels besoins cela a affecté. Nous avons également la possibilité de partager avec eux, si l’on en a conscience, les blessures profondes que leur action ont réveillées en nous ou alors, si cela est le cas, leur expliquer que dans notre culture cela est considéré comme violent.
Enfin, nous pouvons chercher ensemble une solution pour que tout le monde y trouve son compte et pour que personne ne soit violenté. Ce processus ne peut se faire que par la mise en place d’un dialogue qui rassemblera toutes les personnes impliquées dans cette situation ; dans le but d’éviter la création et la mise en œuvre de solutions violentes pour l’un des acteurs.
Dans ce point, je me suis employée à résumer, assez rapidement, un processus de communication non violente qui a été enseigné par l’auteur et militant pour la paix français, Jean Goss[6].
Mais en réalité, et le plus souvent, le bourreau, c’est nous-même.
Il s’agit là d’un fait incontestable : nous nous faisons constamment violence à nous-même, car nous ne nous comprenons pas. Nous n’écoutons pas suffisamment nos besoins. Et si cet essai est principalement tourné sur l’autre, il est tout aussi important de se demander ce qui — dans nos propres actions, habitudes, communications à nous-mêmes, etc. — nous fait violence, et quels sont les besoins que nous ne parvenons pas à satisfaire, pour ensuite être en mesure de le faire.
On peut se demander : quelle est la réalité que je me suis construite et comment puis-je la déconstruire pour me débarrasser de tous ces préjugés ou croyances néfastes qui me font croire à tort qu’on me fait violence ? Il est, selon moi, tout aussi important de nous débarrasser de tous les jugements que nous nous faisons à nous-même. Ceux qui sont dus au fait que notre société, et ses codes, ou que certaines personnes ont décidé que nous n’étions pas assez beaux, pas assez gentils ou intelligents, etc.
On peut aussi se demander quelles sont les blessures profondes que nous portons en nous, et comment il nous serait possible de les guérir afin de moins subir les scènes qui les réveillent et qui nous font donc violence.
Ainsi, nous serions non seulement en mesure de nous aimer plus, mais nous serions également en mesure de mieux nous aligner avec notre moi profond pour, par la suite, être capable de dégager plus d’amour envers les autres, ainsi que plus de bienveillance et de patience pour les écouter.
Il est en effet important de s’aimer soi-même pour ensuite savoir aimer sans attentes et de façon sincère autrui. Ce qui nous conduira alors à devenir des êtres non-violents.
Conclusion :
En somme, puisque nous vivons tous une réalité différente, étant donné notre éducation, notre culture et notre vécu, nous n’avons pas, dans les faits, la même perception de ce qui est violent ou non.
Il est donc nécessaire de s’appliquer à bien comprendre chez autrui ce qui lui fait violence ou non, ainsi que ses besoins, afin de l’aider à ne plus vivre cette violence.
Lorsque nous sommes les victimes de la violence, il est indispensable de bien comprendre en quoi nous sommes blessés avant de le faire comprendre à l’auteur de cette violence, tout en s’appliquant, encore une fois, à comprendre son action.
Enfin, il ne faut pas oublier d’être non-violent avec soi-même en apprenant à comprendre à la fois nos besoins, la réalité que nous nous sommes construite et nos blessures profondes.
Pour moi, la non-violence c’est donc le respect et la compréhension de l’autre, de soi, et de ses besoins par l’écoute.
Bien que dans cet essai nous n’ayons pas parlé de l’environnement, cela reste un aspect primordial dans l’appréhension et la compréhension de la non-violence. Puisque, tous les êtres vivants — que cela soit les animaux, les plantes ou même notre système terrestre dans son ensemble — ont également des besoins auxquels nous ne devons pas nuire.
Dans ce contexte, la communication par le dialogue est alors remplacée par les études scientifiques où toutes les disciplines sont importantes à convier afin de mieux comprendre ces autrui qui ne parlent pas notre langue, mais qui sont pourtant tout aussi importants que nous. Car nous ne sommes qu’un tout, nous sommes l’univers.
[1] MASLOW Abraham H. ; Toward a Psychology of Being, A Psychology Classic, 1962
[2] RUIZ Don Miguel, RUIZ Don José ; The Fifth Agreement : A Practical Guide to Self-Mastery, 2010
[3] BOURDEAU Lise ; Heal Your Wounds and Find Your True Self, 2004
[4] NODET Michel ; https://jaijagat2020.org/marchers/michel-nodet-france/
[5] NICOLAS Philippe ; L’effet miroir Reflet du lien entre tensions relationnelles et maladies : http://e-n-b.fr/data/documents/Leffet-miroir.pdf
[6] GOSS Jean, GOSS-MAYR Hildegard, Évangile et luttes pour la paix : séminaire d’entrainement à la non-violence évangélique et ses méthodes d’engagement, Paris, Les Bergers et les Mages, 1989
Resum :
In according to me non-violence is respect and understanding of the other/self and his/her needs by listening to him/her. The undertanding is important because since we all live a different reality due to our education, our culture and our experiences, we do not, in fact, have the same perception of what is violent or not. We must therefore make every effort to understand what is for the others violent or not and what they need in order to help them stop experiencing violence. When we are the ones who are being abused, we must understand why we are hurt and make the perpetrator understand this violence, while, once again, trying to understand what he is doing. Finally, we must not forget to be non-violent with ourselves by learning to understand our needs, the reality we have built up for ourselves and our deep wounds. It is indeed important to love oneself, to love later others without expectations and sincerely and thus be non-violent.
Non-violence: respect and understanding of the other/self and his/her needs by listening to him/her.
Non-violence is perhaps one of the most subjective words I know. During my experience in India with the Jai Jagat March for Nonviolence, I noticed that no one has the same definition. In retrospect, through many discussions with the marchers and some readings, I came up with a more intercultural definition, or at least one that was objective enough for me.
But then, why does non-violence change its definition depending on the person?
Basically, if it is necessary to define the values of non-violence, all the cultures present in the march agreed on a few words: respect, compassion, harmony, peace, love, listening, etc. Yet in practice, in our actions, an action could be violent for one, but not for the other.
The reason is that an action, a communication, a governance, an economy, an education, etc., is non-violent if it does not cause violence to the other. If it does not hurt him physically or mentally as soon as the act is done according to some, or in the long term according to the most moderate.
But an action or a word can hurt us according to three factors: our needs, culture and experience.
The first factor, our needs, is perhaps the obvious one to understand and respect in others, because we all have the same needs.
For example, physical violence ; injuries from blows or weapons that result in pain unwanted by the victim are the violent acts that we think of first and in return respect for the physical body is what most of us do first as a non-violent act.
But there are other needs that are far from being respected. We can cite them here using, for example, the hierarchy pyramid of needs of the American psychologist and humanist Abraham Maslow[1].
Physiological needs (eating, drinking, sleeping, breathing, etc.) which, according to Maslow, conditione by access to security needs (of the body, employment, health, property…) which themselves conditione the access to social needs (love, friendship, belonging, intimacy), then to the need for esteem (trust, respect for others, self-esteem). All these needs satisfied would then allow us to fulfill our ultimate need, Personal Accomplishment.I started the walk with this definition of non-violence: harming the needs of others is violent if they do not accept this violation and therefore non-violence would be to look after the physical and mental well-being of each person.
But what I had not perceived was that the people feel that there needs are violated or met based on two other factors. The culture and the experience or background of the other.
The cultural factor is the fact that we don’t all have the same culture, the same traditions, the same education. Each individual we meet in our lives, starting with our parents, teachers and friends, teaches us, or informs us about what is violent or not, what is respectful of our needs or not. Therefore the definition of non-violence changes with each individual and is increasingly felt when cultures are different. For example, this was very obvious during the march between Indians and Westerners.
Nobody is right or wrong. The Toltecs[2], a people of Mexico who lived from about 900 to 1200, believe that this accumulation of information, beliefs or judgements that we integrate in the course of our education and throughout our lives constitutes our reality, but that, as they are only beliefs or prejudices and very rarely irrefutable, universal and ourself-tested information, this common reality that they call Maya, differs between each person, between each culture.
In addition to this, to make the whole thing more complex, there is the third factor, the personal experience. According to the Canadian, essayist and coach Lise Bourdeau[3], as children we live through a number of experiences that hurt us. Later, when we relive this same type of experience, even if we have forgotten the first one, we are affected and touched, because it unconsciously reminds us of this deep wound.
Lise Bourdeau defines five types of wounds; abandonment, injustice, betrayal, humiliation and rejection. Thus a person with the wound of humiliation may be very strongly wounded by a mockery and find it very violent, while another person who has not experienced this may be self-mocking and find it funny and therefore non-violent. Lying and manipulation will be used without complex by some who might feel that it is not violent, because it is for the good of the group or a person, but very badly experienced by someone who bears the wound of betrayal.
So each individual has a different opinion on what is violent or not, because they will find out if an action, an economy, a governance, an education, a communication, etc., is violent or not according to their culture, their beliefs, and their deep experience/injury.
But then, how can we not be violent with the others?
The key will be to make sure that we understand the other person and what is violent or not violent for them, by asking them questions, listening to them and helping them if they wish, without imposing our point of view or our methods. Thus, when faced with an action, a situation that we consider violent and that we wish to resolve in a non-violent way, we must respect a certain number of rules.
First of all, if we are not directly the victim of this action/situation, but we judge it violent for someone else (or another group of people), we must not impose the change of this situation or the stop of this action, because it is not necessarily violent for the other person. Maybe this situation or action suits him or her and does not cause any victims. The first thing to do is to ask the other person if it is violent for him or her and accept it if it is not, because as explained above we all have a different opinion about non-violence.
Then, if the other person is indeed experiencing violence, then we must listen to him or her and make sure that we have understood what exactly is causing the violence.
Then, if we are able, we can offer our help to get him out of the situation. I think it is very important not to impose our help. Neither should we impose our methodology, but simply advise and build the solution with this person, his experience and knowledge; which are often more relevant than our ideas to get out of his situation. It is the other person who must choose how he would like his situation to evolve so that it is beneficial and non-violent for him.
I also find it important not to do everything in the place of the victim. The victim must be an actor of change, because otherwise we would be paternalistic and we could make that person dependent.
Finally, before taking action, we have to make sure that this change does not affect other people. But be careful, you have to verify this by asking the other people involved directly. We should not fall back into the trap of deciding for them what might or might not be abusive to them. It has happened very quickly that an action does not seem violent to us when it is in fact violent to others.
In short, here non-violence is understanding the other person, what is violent for him/her and what he/she needs. It means helping them to resolve him/her violence situation and to meet their needs while respecting others and understanding them too.
The reflection on listening to others and non-violence that I have developed here is strongly inspired by the discussions that I had the chance to have with Michel Nodet[4] who is, among other things, a non-violence trainer.
But how can we be non-violent when we are the victims of violence?
First of all, I think we should understand why a situation or an action is violent for us. As we have seen above, our experience (and its wounds) and our education (and its prejudices, beliefs) influence our perception of an action or situation and make it violent or not in our eyes. An action or a situation can also very often affect us (some say it always does) through a mirror effect[5]: We reproach the other for what we reproach ourselves for.
After taking this step back, we can then ask ourselves which of our needs has been affected and how this situation or action is harming that need.
Then we can go directly to the perpetrator(s) of this violence in order to understand why they are doing it. A process of questioning and listening on our part is then required.
Then we can express to them how their action is violent for us. What we felt as negative emotions at the time and what needs it affected. We can also share with them, if we are aware of it, the deep wounds that their action awakens in us or explain that in our culture this is violent.
Finally, we can look together for a solution so that everyone can find a positive and not violent one. This process must also be done through a dialogue with everyone so as not to create violent solutions for one of the actors.
I have here very quickly summarized a non-violent communication process that was taught by the French author and peace activist, Jean Goss[6].
But most of the time, the executioner is ourselves.
We constantly abuse ourselves because we don’t understand each other. We don’t listen enough to our needs. This essay is very much about the other, but it is just as important to ask ourselves what is violent in our own actions, habits, communication to ourselves, etc., and what needs we do not satisfy.
We can ask ourselves: what is the reality that I have built up for myself and how can I deconstruct it in order to get rid of any prejudices or harmful beliefs that lead me to wrongly believe that I am being abused? It is also important, in my opinion, to get rid of all the judgments we make about ourselves, because our society and these codes or certain people have judged that we are not beautiful enough, not nice enough, not intelligent enough, etc.
We can also ask ourselves what deep wounds we carry and how we could heal them so that we would be less subject to the scenes that awaken them and thus make it violent.
Thus we would love each other more, and would be more aligned with our deepest self to, thereafter, release more love towards others, benevolence and patience to listen to them. It is indeed important to love oneself, to love later others without expectations and sincerely and thus be non-violent.
Conclusion
In short, since we all live a different reality due to our education, our culture and our experiences, we do not, in fact, have the same perception of what is violent or not.
We must therefore make every effort to understand what is for the others violent or not and what they need in order to help them stop experiencing violence.
When we are the ones who are being abused, we must understand why we are hurt and make the perpetrator understand this violence, while, once again, trying to understand what he is doing.
Finally, we must not forget to be non-violent with ourselves by learning to understand our needs, the reality we have built up for ourselves and our deep wounds.
Non-violence, for me, is therefore respect and understanding of the other/self and his/her needs by listening to him/her.
We have not talked here about the environment. However, all living beings, animals or plants as well as the earth system also have needs that must not be harmed.
Here communication through dialogue is replaced by scientific studies. All disciplines are important to invite in order to better understand these others who do not speak our language, but who are nevertheless just as important as we are, because we are only one whole, we are the universe.
[1] MASLOW Abraham H. ; Toward a Psychology of Being, A Psychology Classic, 1962
[2] RUIZ Don Miguel, RUIZ Don José ; The Fifth Agreement : A Practical Guide to Self-Mastery, 2010
[3] BOURDEAU Lise ; Heal Your Wounds and Find Your True Self, 2004
[4] NODET Michel ; https://jaijagat2020.org/marchers/michel-nodet-france/
[5] NICOLAS Philippe ; L’effet miroir Reflet du lien entre tensions relationnelles et maladies : http://e-n-b.fr/data/documents/Leffet-miroir.pdf
[6] GOSS Jean, GOSS-MAYR Hildegard, Évangile et luttes pour la paix : séminaire d’entrainement à la non-violence évangélique et ses méthodes d’engagement, Paris, Les Bergers et les Mages, 1989