La pandémie du coronavirus qui s’étend désormais au monde entier entraîne partout des mesures de confinement et des fermetures de frontières absolument inédites dans l’histoire contemporaine. Dans ce contexte totalement incertain, la grande marche Jai Jagat Delhi-Genève pour la justice et la paix, qui était arrivée en Arménie, s’est vue dans l’obligation d’arrêter sa route ce 16 mars 2020, cinq mois et demi après son départ. L’ensemble de ses participant.e.s, à leur corps défendant, ont rejoint leur domicile ou un endroit sûr pour y rester confinés ces prochaines semaines, en attendant que la pandémie s’estompe.
Cette crise sanitaire mondiale, née sur le marché aux animaux de Wuhan en Chine, le révèle avec force : nous sommes tous interdépendants, tous les humains sur la planète mais également l’ensemble du vivant. Nous ne pouvons donc plus accepter que des êtres humains soient laissés au bord du chemin et que les autres espèces soient massacrées sans vergogne sur l’autel de notre modèle de développement.
Ce que cette pandémie nous apprend aussi, c’est que quand la santé de l’humanité est en danger, tout le monde est prêt à arrêter immédiatement ce qui paraissait intangible la veille : l’économie de marché, le rejet de toute régulation publique, la croissance inconditionnelle, la consommation sans entrave, etc. Donc un autre monde est non seulement possible, mais plus que jamais urgent et nécessaire.
Ainsi, une fois cette crise passée, plus rien ne doit être comme avant : c’est pourquoi le message de non-violence, de justice et de paix porté par la grande marche Delhi-Genève n’a sans doute jamais eu autant d’acuité.
Partie de Delhi le 2 octobre dernier, la marche Jai Jagat a porté partout sur son passage la voix des sans voix de la planète, dans les villes et les villages indiens, pakistanais, iraniens et Arméniens. Et les autres marches Jai Jagat en provenance d’Europe et d’ailleurs construites sur le même modèle (Suède, Grande Bretagne, Belgique, France, Espagne, Sénégal …) sont pour le moment maintenues. Toutes ces informations et ces bonnes pratiques échangées et récoltées sur les routes doivent venir utilement nourrir à Genève en septembre prochain le dialogue à mettre en œuvre avec la communauté internationale.
Chacun.e des participant.e.s à cette extraordinaire épopée, où qu’il/elle se trouve, va pouvoir consacrer les semaines de confinement qui viennent à la réflexion pour contribuer à « être le changement que nous voulons voir dans le monde » – avant de reprendre la route dès que possible. Pour contribuer à ce qu’émerge enfin, grâce notamment au message du Mahatma Gandhi : un monde non-violent, résilient et bienveillant, dans lequel chacun puisse vivre dans un environnement sain et que plus personne ne reste au bord du chemin.
Ainsi, bien que la grande marche soit provisoirement suspendue, Jai Jagat continue !