*Tribune publiée sur le Huffington Post le 15 janvier 2018
Venez donc vous joindre à nous, parce que nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir changer le monde en mieux.
« L’obscurité ne chasse pas l’obscurité, seule la lumière peut le faire. » Martin Luther King
Le tourbillon de l’actualité de ce début d’année semble remettre à plat un certain nombre de nos modèles établis, et ce n’est finalement pas plus mal: les agitations hystériques de Donald Trump, de moins en moins rationnelles, nous font prendre conscience de la fragilité de nos démocraties et de la paix elle-même, à l’échelle du Globe. Cela nous prouve qu’en matière électorale, comme ailleurs, la colère est rarement bonne conseillère, et que le droit de vote constitue un devoir de responsabilité. Le scandale Lactalis lui nous démontre à nouveau la dangerosité d’un modèle agro-industriel hyper concentré où nous laissons entre les mains de quelques grands acteurs économiques notre alimentation et donc notre vie elle-même, et surtout celle de nos bébés. Cela nous prouve qu’en matière d’alimentation, il est temps d’en revenir à des pratiques de production locales, transparentes et de qualité, pour retrouver notre souveraineté alimentaire, dans nos biberons et nos assiettes. Le dernier soubresaut de la vague féministe globale suite à l’affaire Weinstein quant à lui vient de nous montrer qu’une centaine de femmes en France réclament dans une tribune le droit d’être « importunées ». Celles-ci laissent entendre que la parole de toutes ces femmes enfin libérée grâce à la campagne #metoo pourrait remettre en cause le droit des hommes à se comporter comme des mufles, dans une inversion pathétique des valeurs où les oppresseurs deviendraient les oppressés. Cela nous démontre que loin d’être acquise, l’égalité femmes-hommes est bien l’affaire de toutes et tous et que ce n’est pas un combat d’arrière-garde mais bien un objectif politique fondamental à viser, pour aujourd’hui et pour demain.
Ces trois faits, à priori sans aucun rapport, nous esquissent pourtant un même tableau, celui d’une lutte qui s’accentue, sur fond d’époque très incertaine, entre partisans du statut quo et du retour en arrière face à toutes celles et ceux qui refusent la violence du monde contemporain et s’organisent de plus en plus pour créer d’autres possibles, moins violents et plus harmonieux, avec leurs semblables et leur environnement. Non nous ne sommes pas obligés nécessairement de confier notre destin politique collectif à des Trump, des Poutine, des Erdogan, des Kurz ou des Orban quand nous nous sentons menacés par l’étranger, et ajouter de la violence à la violence du monde n’a jamais apporté la paix! Non nous ne sommes pas obligés de confier notre alimentation à de grandes multinationales pour pouvoir tous manger, et en l’espèce continuer également d’exterminer des milliards d’animaux est une faute morale qu’il faudra bien très vite interroger! Les milliers de personnes qui chaque jour en nos contrées se décident à franchir le pas pour devenir végétariennes ou végétaliennes sont en train de nous le démontrer. Non nous ne sommes pas obligés d’opprimer la moitié de l’humanité parce que depuis les temps les plus anciens nos pères le faisaient, et garantir à l’autre la liberté que l’on s’offre à soi-même ne peut que nous faire collectivement progresser!
Que ce soit vis-à-vis de l’étranger, vis-à-vis des femmes ou vis-à-vis de notre alimentation, c’est encore et toujours une histoire de violence et de domination qui se joue, et le « juste » chemin est sans doute celui du refus de celle-ci.
Alors que faire en ce début d’année pour le trouver, ce chemin de la non-violence et de la paix? Si les partisans de la violence sont eux très bien organisés, dissimulés derrière des arguments se voulant imparables, de la croissance du marché, du chantage à l’emploi et au PIB, de la sécurité, etc., le front du refus lui est éclaté, disséminé « façon puzzle » en milliers d’individus ou de petites entités se battant pour un autre monde possible: un monde sans guerres, sans frontières, sans discriminations, sans viols et agressions, sans massacres d’animaux, sans destruction de la nature au profit du béton, pour faire circuler des trains, des camions ou des avions, sans pauvreté, chômage et exclusion, sans climat détraqué et avenir volé. Ce monde idéal se dessine d’ores et déjà depuis quelques années, par petites touches, tel un tableau impressionniste. Mais face à l’accélération de l’effondrement civilisationnel, il est temps d’en accélérer la construction. Pour parler de façon militante, il faut d’urgence faire converger les luttes. Pour parler comme un adepte du développement personnel, il est temps de participer au rehaussement de notre degré de conscience collective. Et cela tombe bien, en 2018, en une contrée pas si lointaine, l’Inde, un instrument susceptible de faire converger une majorité de ces luttes et tous ces espoirs est en train de se construire: la Jai Jagat 2020.
Signifiant la « victoire du monde », la Jai Jagat est une grande action internationale menée par le mouvement indien Ekta Parishad de défense des petits paysans. Spécialiste des grandes marches à travers l’Inde pour obtenir des droits pour les sans droits (en 2007et en 2012), Ekta Parishad, aidé par ses nombreux amis à l’international, veut cette fois s’adresser au monde lors d’une grande marche pacifique entre Delhi et Genève entre octobre 2019 et septembre 2020 pour réclamer aux Nations Unies et aux autres grandes institutions internationales un autre modèle de développement qui cesse d’exclure de plus en plus de gens et de mettre en danger les générations futures. Sur le modèle des grandes « yatras » (marches) et suivant les préceptes du Mahatma Gandhi, cette marche veut nous inciter toutes et tous à vouloir changer le monde en commençant par se changer soi-même en se mettant en mouvement. Susceptible de se transformer en grandForum Social Mondial itinérant, traversant une douzaine de pays pour rassembler des cahiers de doléances à remettre à l’ONU cette grande action est une occasion unique de faire entendre sa voix pour un autre monde possible, une voix résolument écologique, pacifique, féministe et altermondialiste. En 2018, des marches vont converger dans toute l’Inde pour préparer la grande action internationale, et en Europe nous allons tout au long de l’année construire la plateforme de coordination de celle-ci. Alors venez donc vous joindre à nous, parce que nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir changer le monde en mieux.